Digne
d'une reine est le troisième tome de la série Kriss de
Valnor, l'un des spin-off de la série Thorgal,
regroupés sous l'intitulé Les Mondes de Thorgal. Oui, je
sais, c'est un peu compliqué, ces séries dans les séries...
D'autant plus qu'il existe aussi la série Louve et que
Thorgal, la série-mère, continue (on arrivera bientôt au
numéro 34, à paraître). Par ailleurs, un nouveau « monde »
s'ouvre sur La jeunesse de Thorgal. Bref, on n'a pas fini d'en
parler, et surtout de s'y perdre.
Je suis fan
de Thorgal depuis mon adolescence, avec une grande préférence
quand même pour les vingt premiers albums en gros. Mais le
personnage de Kriss de Valnor, rencontré dès le début de la série,
m'a toujours fascinée. C'est un peu l'antithèse de Thorgal :
la noirceur, la beauté, le cynisme et l'habileté de cette femme
sont finalement comme le reflet inversé de Thorgal et expliquent,
pour moi, l'impossibilité pour ces deux-là de se séparer
réellement. Mais bon, là, on est dans la pure spéculation, hein !
Ici, le
lecteur est propulsé dans la vie de Kriss de Valnor (sans Thorgal,
donc), après sa mort et sa « résurrection » suite à la
Sentence des Walkyries (tome 2). Kriss se réveille dans le monde
réel, où elle a été soignée par une femme, mais a oublié ce
qu'elle fait là... Il semble que dans le monde de Thorgal, les héros
aient du mal à quitter leur vie ! De même, l'oubli, le fait
d'être propulsé dans un monde que l'on ne connaît pas, font partie
des thèmes récurrents de la série. A plusieurs reprises, Thorgal
se retrouve amnésique, dans un monde qu'il ne connaît pas, où il
se trouve être le jouet des Dieux et des puissants de ce monde...
C'est un peu le cas ici aussi, d'une autre manière. En particulier,
on suit aussi l'histoire du pays où Kriss se trouve à ce moment-là,
fait de guerres intestines, de combats, de rapines... Le royaume est
en proie à une guerre des chefs et Kriss et son amie se retrouvent
au cœur du conflit.
Malgré le
changement d'auteurs (la série Thorgal a été créée par
Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski), l'univers recréé par ceux qui
ont pris la suite est plutôt fidèle à la série originale. On y
retrouve les mêmes ingrédients, un graphisme proche, même si
Giulio De Vita a son propre trait et qu'une nette différence se voit
entre le dessin de Rosinski et le sien. Il existe toutefois une sorte
de parenté graphique entre les deux, qui donne une certaine
cohérence à l'ensemble.
Du point de
vue du scénario, l'intrigue ne m'a pas vraiment surprise :
l'univers de Thorgal est peuplé de ces guerres intestines et de ces
luttes de pouvoir. Le seul élément nouveau est l'orientation
sexuelle de Kriss de Valnor, même si, là encore, il s'agit d'un
prolongement de ce que la série Thorgal laissait
sous-entendre sans aller jusqu'à le dire explicitement...
L'homosexualité est un thème plutôt porteur, en ce moment, voire
très « politiquement correct »... (ceux qui ont lu mon autre blog savent ce que je pense des questions sociétales du
moment). Il s'agit ici, heureusement, d'une bande dessinée. Mais ce
thème de l'homosexualité m'a laissée quelque peu interloquée :
même si la relation en elle-même n'est pas le ressort principal de
l'intrigue, il n'en demeure pas moins qu'il sous-tend une bonne
partie de l'histoire et lui donne un relief qu'il n'aurait sans doute
pas autrement.
En résumé,
cette bande dessinée m'a plutôt bien plu, même si certains de ses
aspects me laissent songeuse. Comme si l'homosexualité devait être
forcément évoquée de nos jours...
Par
ailleurs, il y a quand même un petit « quelque chose »
qui m'ennuie : le fait que tout soit presque aussi prévisible
que ça... Comme si, justement, les auteurs ne voulaient pas trahir
la série originale et décidé de mettre de côté leur propre
créativité ? Entre cohérence et originalité, mon cœur
balance...
Paru aux
Editions Le Lombard, 2012. ISBN : 978-2-8036-3129-2.