jeudi 29 août 2013

Level 26, de Anthony E. Zuiker


Un nouveau thriller... eh oui, c'est l'été, c'est la période (franchement, je préfère lire ce type de livre maintenant qu'en plein hiver, quand il fait froid, sombre...). Donc là, il s'agit du livre offert par les éditions J'ai Lu pour l'achat de deux livres du même éditeur. Quand j'ai vu l'auteur et la couverture, je me suis demandé ce que pouvait bien donner un thriller écrit par le créateur de la série télévisée Les Experts. Et puis, j'ai vu en dessous du nom : « avec la collaboration de D. Swierczynski ». Eh bien franchement, c'est plutôt mieux que ce que j'avais imaginé.

Sqweegel est un monstre, un tueur en série dont on ne sait même pas combien de meurtres il a bien pu commettre en plus de vingt ans. Ce qu'on sait, en revanche, c'est qu'il est tellement pervers, tellement atroce, qu'il dépasse de loin tous les autres serial killers connus. Au point qu'une classe spéciale a été créée pour lui dans la classification des meurtriers, qui ne va que jusqu'au niveau 25 : le niveau 26. Steve Dark est l'agent spécial du FBI qui l'a approché au plus près, mais il en a été tellement abimé qu'il a « raccroché » et a pris sa retraite. Seulement voilà, dans les hautes sphères, on tient absolument à voir ce meurtrier sous les verrous (ou, plus exactement, sous terre), et Steve va donc être dans l'obligation de reprendre sa traque.

Voilà, en gros, le début de l'histoire, qui emmène le lecteur dans les méandres de cette enquête décrite comme hors normes compte-tenu de la personnalité et des capacités de nuisance du tueur.
L'enquête elle-même tient le lecteur en haleine, même si un certain nombre de ressorts sont cousus de fil blanc et bien connus des lecteurs habitués du genre. Le livre se lit bien, les chapitres, très courts, donnant un rythme rapide et haletant, un peu comme doit l'être l'enquête, finalement. J'ai été happée par l'histoire, écrite de manière très visuelle. On sent bien là l'influence du petit écran et le fait que l'auteur soit le créateur de l'une des séries les plus regardées au monde y est forcément pour quelque chose. D'ailleurs, dans la construction du récit, on voit très clairement le parallèle avec une saison entière d'une série (policière ou autre d'ailleurs), puisqu'à la fin, un rebondissement inattendu annonce la suite sans rien en dévoiler pour autant, promettant au lecteur de nouvelles surprises. Sinon, au niveau du récit lui-même, j'ai trouvé finalement que l'intrigue était assez convenue. Bien menée, mais manquant quelque peu d'originalité en elle-même.
Ce qui est en revanche tout à fait original, ce sont les « bonus ». Comme dans un DVD en fait. Comme dans la série BD Le Cycle de Cyann également, où La Clé des Confins est une sorte de hors-série qui complète et renseigne les deux premiers volumes, sans pour autant que sa lecture soit indispensable à la compréhension du diptyque. Le procédé est donc connu, mais c'est la première fois que je le vois adapté pour Internet. Ici, à la fin de certains chapitres, le lecteur est invité à se connecter sur le site level26.com, où il peut visionner de courtes vidéos en rapport avec le livre et l'endroit où il se trouve dans l'intrigue. On entre là dans la tête de l'auteur, et si le lecteur n'a pas besoin des images pour comprendre le livre, il serait quand même dommage de s'en passer. Pour ma part, mes conditions de lecture (toujours durant mes heures d'allaitement) ne me permettant pas de me connecter en même temps, j'ai lu le livre d'une traite, puis ai visionné les images. C'est sans doute plus pertinent de le faire au fur et à mesure de la lecture, parce qu'ainsi, on « entre » vraiment dans le « film » de ce qu'on lit. Mais certaines vidéos sont carrément malsaines et flippantes, alors finalement, je suis bien contente de les avoir visionnées de manière déconnectée, après avoir pris un peu de recul. Paradoxalement, d'ailleurs, elles m'ont fait moins peur que la lecture elle-même. Comme si le fait de mettre le livre en images restreignait mon imaginaire, bien pire que les images que j'ai visionnées sur Internet. Du coup, je me pose quand même la question de l'intérêt de cette interactivité. Cela rejoint la remarque que je me suis toujours faite quant aux adaptations cinématographiques de livres que j'ai lus : les images me paraissent toujours moins fortes que les mots...

En gros, je dirais que l'expérience est intéressante, avec le double support livre/internet. Heureusement, il n'est nul besoin des vidéos pour comprendre le livre ! Deux autres volumes suivent celui-ci. Il se peut que je me laisse tenter par la suite, si j'en ai le temps, et si je ne suis pas happée par une autre lecture (j'en ai une en cours, pas piquée des vers non plus, j'espère que je ne serai pas déçue !).

Paru aux éditions J'ai Lu, 2010. ISBN : 978-2-277-00819-4.

mardi 27 août 2013

Un lieu incertain, de Fred Vargas


Certains diront sans doute que je fais les choses de manière totalement illogique... c'est sans doute vrai, mais on ne se refait pas.
Je suis tombée l'autre jour, au supermarché (oui, je sais, un supermarché n'est pas une librairie, mais quand un livre vous « tombe » dessus de cette manière-là, que voulez-vous faire ?), sur l'offre d'été des éditions J'ai lu (en gros, pour deux livres achetés, un troisième était offert). J'aime beaucoup les cadeaux et quand, en plus, ce sont des maisons d'édition qui les font, mon bonheur est total. La même offre était faite également par les éditions LGF pour le Livre de Poche, mais j'ai résisté, difficilement et vaillamment et ai réussi à ne pas succomber à la tentation d'acheter deux nouveaux livres.
Bref, trêves de bavardages, j'ai fait porter mon choix sur Un lieu incertain, de Fred Vargas, auteur prolifique dont on m'avait déjà abondamment parlé et que je n'avais jamais encore lu. Alors bien sûr, je ne commence pas par le premier de la série, mais tant pis...

J'ai donc fait la connaissance d'Adamsberg et de sa Brigade, pour une enquête difficile, plutôt surréaliste, et finalement autant horrible que cocasse.
Un meurtrier sévit à Garches, qui découpe ses victimes, les hache, les broie, les émiette, bref, en fait de tous petits morceaux, s'acharne, quoi. Juste avant la découverte du « cadavre », Adamsberg et Danglard étaient à Londres pour une conférence au sujet de la politique migratoire des deux pays, et ils y ont eu l'opportunité de rencontrer... des pieds. Sans les corps qui devaient, un jour, s'y trouver attachés.
Commence alors l'enquête qui va emmener Adamsberg en Europe de l'Est, à la découverte des légendes et des mets locaux, mais aussi d'une histoire sanglante dont, je suis sûre, il n'est pas près d'oublier les ressorts. C'est aussi l'occasion de rencontrer des personnages hauts en couleurs (déjà que c'est gratiné, dans sa Brigade), et d'en apprendre beaucoup sur lui... J'ai beaucoup aimé tous ces personnages, justement. Un brin déjantés, totalement humains, quelque peu caricaturaux et foncièrement attachants, un vrai régal.

Bref, j'ai dévoré ce roman à très grande vitesse (quelques tétées m'ont suffit pour le lire en entier) (je sens que dans les prochains temps, mon nouvel étalon-temps sera la tétée, c'est quand même vachement pratique !) et si je retombe sur un nouveau Fred Vargas, je me laisserai sûrement tenter !

Paru aux éditions J'ai lu, 2013. ISBN : 978-2-290-02350-1.

dimanche 25 août 2013

Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami


J'avais lu 1Q84 (le tome 1, il va falloir que je me penche dans mes cartons pour récupérer les tomes 2 et 3 et lire la fin, un jour !), et j'avais vraiment beaucoup aimé. J'étais donc curieuse de lire celui-ci, dont on m'avait dit beaucoup de bien (et même que Kafka sur le rivage était mieux que 1Q84 !). En tout cas, je ne regrette pas le temps passé à lire ce livre magnifique. C'est un pavé (plus de 600 pages quand même), mais je dispose de plusieurs heures par jour grâce à l'allaitement (6 tétées par jour, environ 50 minutes par tétée, ça laisse du temps de lecture quand même, et c'est vraiment appréciable !).

Donc, Kafka sur le rivage, c'est une sorte de roman initiatique, bizarre, déroutant, étonnant... les qualificatifs sont nombreux et je pense que même en les utilisant tous, ils ne reflèteraient que très imparfaitement la complexité et la beauté de ce roman.
Kafka Tamura, 15 ans, fugue de chez lui, prend le train et se réfugie dans une bibliothèque (voilà qui ne pouvait que me plaire !) où il fait la connaissance de Oshima et de Mademoiselle Saeki, les deux membres du personnel de cette bibliothèque pas comme les autres. Il y trouve un refuge, une maison, des amis...
Parallèlement, on suit l'histoire et le périple de Nakata, un vieil homme qui a vu sa vie chamboulée lors d'un incident assez mystérieux au moment de la Seconde Guerre mondiale. Il en est sorti handicapé du point de vue des exigences sociales « normales », mais doté de capacités inédites et incompréhensibles, qui plus est qui ne sont pas pérennes et évoluent au gré du temps et des événements. Les deux personnages, tels des aimants, semblent s'attirer mutuellement, être liés d'une manière ou d'une autre, manière qui, en tout cas, échappe totalement au lecteur durant tout le roman (et qui, bien sûr, s'éclaircit à la fin, sinon ce serait assez frustrant).

J'ai été happée par ma lecture. Haruki Murakami, dans ce roman comme dans 1Q84, a cette capacité à faire entrer le lecteur dans des mondes étranges, tels des mondes parallèles au monde que l'on connaît, comme si une autre réalité côtoyait la nôtre sans qu'on en ait vraiment conscience. J'aimerais vraiment explorer les autres livres de Murakami, histoire de mieux « voir » ce qu'il a dans la tête... C'est étonnant, plusieurs fois, durant ma lecture, j'ai trouvé des points communs avec l’œuvre de Miyazaki (Le Château Ambulant par exemple, ou Le Château dans le Ciel, ou encore Mon Voisin Totoro et Nausicaâ de la Vallée du Vent... on pourrait multiplier les exemples tant l’œuvre de Miyazaki est riche également). Je suppose qu'il faut y voir aussi une influence de la culture manga, de l'imaginaire japonais, finalement très éloigné du nôtre, occidentaux.
Si j'ai parfois été déroutée, je me suis plongée avec délices dans cette lecture, anxieuse de connaître la suite des aventures de Kafka et Nakata. Les personnages sont intéressants, profonds, complexes... et les personnages secondaires ne le sont pas moins : originaux, attachants, étranges, tout aussi complexes d'ailleurs. Les interactions entre les uns et les autres disent combien on peut voir sa vie modifiée par les rencontres que l'on fait ; à quel point nous sommes des êtres de contact, de communication, et combien nous avons besoin les uns des autres pour vivre, voire survivre en ce monde. Ce livre est finalement une belle leçon de tolérance et de respect !

Paru aux éditions 10/18, 2011. ISBN : 978-2-264-05616-0.