Ma mère m'a
offert ce livre pour Noël et, de façon assez surprenante, je l'ai
dévoré. Surprenant, parce que j'ai pas moins de 5 autres livres en
cours et que je m'étais promis de les terminer avant de commencer
celui-là. Mais il faut croire que la fan qui sommeillait en
moi devait prendre les rênes de mon cerveau et me propulser
directement dans les pages de cette biographie de mon chanteur
préféré...
Il faut dire
que, quand j'ai découvert Goldman, j'avais 13 ans je crois, il est
devenu mon "idole des jeunes" à moi. Le premier album que
j'ai écouté, c'est Positif, soit en réalité son troisième
en solo. Tous les albums parus précédemment (jusqu'à Entre gris
clair et gris foncé inclus, puisque, même s'il est paru plus
tard que Positif, je ne l'ai eu entre les mains pour la
première fois que l'année suivante) sont venus plus tard, en bloc,
offerts par mon parrain (un souvenir émerveillé !). Quant aux
suivants, je les ai acquis les uns après les autres, quasiment
religieusement, au fur et à mesure de leurs sorties dans les bacs
des disquaires... Du coup, j'étais très curieuse de lire ce livre,
forcément, même si je n'ai jamais été une fan au sens le
plus jusqu'auboutiste du terme... (je confesse un poster dans mon
armoire et des paroles de chansons dans mon agenda, mais c'est à peu
près tout en ce qui concerne ma "Goldman-mania" à moi...
sauf si on prend aussi en compte le contexte sonore où j'ai envahi
la maison de mes parents de ses chansons jusqu'à mon départ
définitif...)
Difficile
d'écrire une critique de ce livre, paradoxalement. Pour plusieurs
raisons : un livre, c'est un style d'écriture, un récit (fictionnel
ou pas), une documentation...
Ici, il
s'agit de la vie d'une personne, de la documentation sur cette
personne et de ce que l'auteur de ce livre peut apporter au lecteur
concernant la vie de la personne en question. Et je dois avouer que
je n'ai pas appris grand-chose, si ce n'est toute la partie (la plus
importante pour moi dans le livre en fait) qui raconte l'histoire de
la famille Goldman. C'est-à-dire qu'en réalité, plus que "qui
est Jean-Jacques Goldman ?", l'auteur raconte plutôt "d'où
vient Jean-Jacques Goldman ?". Les 100 premières pages
s'attachent en réalité à la famille du chanteur plutôt qu'au
chanteur lui-même, les 136 suivantes étant bien consacrées, elles,
à sa carrière. On pourrait penser que l'auteur du livre met à
profit ces 100 premières pages pour faire une étude fouillée sur
l'enfance, la scolarité de Jean-Jacques Goldman mais... non. Il y
est plus question de son père et, surtout, de son frère. Après
réflexion, cela paraît en fait tout à fait normal de partir de là
pour essayer de comprendre une personnalité comme celle de
Jean-Jacques Goldman. En effet, une personne ne vient jamais de nulle
part mais est le "produit" d'une histoire et d'un héritage
familial... Alors oui, bien sûr, l'histoire de Pierre Goldman, ce
demi-frère révolutionnaire parti au Vénézuela puis revenu dans la
Capitale et qui finira accusé (à tort ou à raison, cela reste un
mystère) de meurtre, ainsi que le passé de résistant communiste de
leur père, ont sûrement façonné la personnalité de Jean-Jacques,
le petit frère. Eric Le Bourhis insiste d'ailleurs beaucoup
là-dessus... Mais je ne sais pas, lors de ma lecture, j'ai parfois
eu le sentiment que cette biographie de Jean-Jacques Goldman était
comme un prétexte à la réouverture d'un dossier "chaud",
d'une enquête judiciaire qui n'avait jamais trouvé de conclusion
satisfaisante... J'ai même eu parfois le sentiment d'être dans une
émission de télévision, du type "Faites entrer l'accusé",
c'est pour dire ! Bref, j'ai ressenti une sorte de malaise, même si,
au demeurant, les arguments de l'auteur pour expliquer en partie la
personnalité discrète de Jean-Jacques Goldman sont troublants et
plausibles.
Sinon, pour
ce qui est de la vie de Jean-Jacques Goldman lui-même... eh bien je
dirais que je n'ai pas appris grand-chose, si ce n'est la difficulté
qu'il a eue, comme nombre d'auteurs-compositeurs à leurs débuts, à
"percer" dans le domaine musical. Beaucoup des faits qui
sont relatés dans ce livre sont de notoriété publique et
accessibles sur n'importe quel site internet ayant pour sujet
l'auteur-compositeur – sites qui eux-mêmes tirent leurs
informations d'interviews télévisées, d'articles dans la
presse people, etc. Du côté documentaire donc, je suis
quelque peu déçue, sauf en ce qui concerne les entretiens que
l'auteur a eus avec les proches de Jean-Jacques Goldman (un ancien
membre de Taï Phong, son premier directeur artistique...). Là, tout
de suite, le livre devient plus "vivant", et ça fait du
bien. C'est finalement dans ces témoignages que Jean-Jacques Goldman
devient autre chose qu'une machine à tubes et que le récit prend
une belle épaisseur.
À la fin du
portrait, Eric Le Bourhis a cru bon d'ajouter un "abécédaire
indiscret de J. J. G.", dont le rôle est, semble-t-il, de
compléter la biographie par des anecdotes, par exemple. Sauf que,
plusieurs fois, ce sont simplement des redites de ce que l'auteur a
déjà longuement exposé dans le corps du livre... Alors je me pose
la question de savoir quel est l'intérêt de cet abécédaire, sinon
de rajouter quelques pages à l'ouvrage ? Tout n'est, bien sûr, pas
inutile, mais nombre des informations contenues dans ces dernières
pages auraient eu tout à gagner à être développées (pour celles
qui n'y étaient pas déjà) dans le corps de la biographie...
Contrairement
aux apparences, je ne suis pas déçue par ma lecture. C'est un livre
qui se lit très vite, qui "fait du bien" en ce qu'il parle
à la fan midinette que j'étais il y a des années. Mais,
l'âge aidant, peut-être, je deviens de plus en plus exigeante quant
à mes lectures et celle-ci restera une parenthèse bienvenue plus
qu'une lecture indispensable... (maman, c'est un très beau cadeau que cette biographie et
je suis bien heureuse de l'avoir dans ma bibliothèque ! Merci de
m'avoir replongée dans cet univers qui a accompagné toute mon
adolescence et ma jeunesse !)
Conclusion
bis : mes lecteurs habituels verront bien dans ce billet que
je suis très mitigée : à la fois enthousiasmée par cette lecture
parce que quand on aime, on est heureux d'entendre et de lire sur le
sujet que l'on apprécie, même si ce que l'on apprend n'est pas
toujours neuf et qu'il y a des redites ; mais je suis aussi assez
circonspecte parce que le style de l'auteur, pour le coup, ne m'a pas
totalement convaincue. Et puis, il y a des coquilles marrantes, en
particulier dans la partie des notes qui suit immédiatement le
texte, où l'auteur n'a pas tout à fait terminé d'inscrire ses
références... en particulier à la fin, où la note mentionne :
"110. Livre Didier Varrod, à compléter."
Cette note a
failli me faire éclater de rire ! Une note est une information
importante parce qu'elle permet de revenir à la source documentaire
de l'auteur. Et ici, il a simplement omis de la citer, si ce n'est
l'auteur du livre. On ne connaît ni son titre, ni l'année de
parution, ni la maison d'édition... rien, donc. Espérons pour les
puristes que Didier Varrod n'a écrit qu'un livre ! :)
Cette petite
anecdote est exactement symptomatique de ce que je disais plus haut :
j'ai l'impression d'avoir entre les mains un livre écrit par un
spécialiste de la presse people ou de la presse à sensation,
qui écrit tout à fait correctement mais ne s'embarrasse pas d'une
vraie discipline de recherche. Cela passe très bien dans le contact,
visiblement, avec les "témoins", mais fait quelque peu
amateur quand il s'agit de la documentation écrite. En tout cas,
malgré ces petits défauts, j'ai passé un bon moment, plongée dans
le "mystère Goldman".
En fait, je
me dis, après cette lecture, que faire la biographie d'un homme (ou
d'une femme, d'un être humain en général) est une entreprise
peut-être assez vaine dans la mesure où un être humain est un
mystère à lui tout seul... Il n'est pas besoin de s'appeler
Jean-Jacques Goldman pour cela : qui peut donc se targuer de
connaître parfaitement quelqu'un au point de percer son "mystère"
?
Paru aux
éditions Prisma, 2014. ISBN : 978-2-8104-1344-7.